Par Armand ADOTEVI
Tous les ans, à la mi-janvier, d’illustres « têtes d’affiche » du monde des affaires, de la finance, de la politique (Chefs d’États), de hauts responsables de l’Union Européenne, de hauts responsables des Nations unies, accourus du quasi monde entier, se rassemblent pour un « exercice oratoire pourvu ou dépourvu d’intérêt » organisé par une structure dénommée -World Economic Forum- [Forum économique mondial] porté par une -Fondation à but non lucratif- de droit Suisse. Laquelle Fondation ne saurait, en réalité, être regardée autrement que d’une [organisation de lobbying et de réseautage mondial]
L’objet social de cette -Fondation à but non lucratif-, serait de réunir les représentants du secteur public, du secteur privé, ainsi que des décisionnaires politiques pour (sic) je cite : « réfléchir à des solutions aux problèmes mondiaux » fin de citation.
Qu’ainsi, depuis la tenue du premier -Forum économique mondial- de Davos en 1971, sur le papier, « réfléchir à des solutions aux problèmes du monde » demeure la généreuse ambition portée par le -Forum économique mondial- de Davos, et correspond à son énoncé de mission : « Committed to improving the state of the world » (Engagé à améliorer l’état du monde)
Estimable ambition ! Mais en vérité, qu’en est-il réellement ?
Sachant que le coût du ticket d’entrée pour avoir accès à ce haut lieu de [réseautage mondial] vaut plusieurs centaines de milliers d’€uros : six-cent-mille (600.000 €uros) pour les dirigeants des plus grandes entreprises multinationales et plusieurs dizaines de milliers d’€uros : trente mille (30.000 €uros, voire plus …) pour les entreprises participantes, de taille intermédiaire, la route d’accès au -Forum économique mondial- de Davos est conditionnée au déboursement préalable de paquets de dollars $US.
Il s’ensuit que le -Forum économique mondial- de Davos fait l’objet de vives critiques, en ce qu’il est perçu comme étant un lieu de « concours d’éloquence creux » réservé aux 1% de milliardaires à l’échelle mondiale.
Cependant, au cours la semaine durant laquelle se tient le -Forum économique mondial- de Davos, des entreprises aux activités diverses, ont la possibilité de louer des espaces (coûteux) à Davos, afin d’y installer leurs stands tendant à promouvoir leur pays, à promouvoir leur terroir ; à promouvoir des concepts d’affaires, à accueillir des visiteurs, à organiser des réunions, et/ou pour attirer des investisseurs.
Dès lors, au-delà de la « prétentieuse tambouille » que le [gratin mondial] vient servir à Davos, à l’instar du l’excentrique nouveau Président de la République d’Argentine qui s’époumona au cours de son intervention (janvier 2024) en les termes ci-après reproduits (sic) je cite : « les pays occidentaux sont en danger à cause du socialisme », la présence d’aucuns, constitue en soi, un signe distinctif de ce qui ne saurait être qualifié autrement de piètre [spectacle mondain annuel]
De mon point de vue, le dessein intentionnel mis en exergue par les concepteurs du -Forum économique mondial- de Davos, à savoir : « réfléchir à des solutions aux problèmes mondiaux » paraît, à plusieurs égards, charlatanesque !
Comment se peut-il que l’on puisse prétendre à grand renfort de communication médiatique mondiale, que l’on réunit [le gratin mondial très fortuné] pour (sic) « réfléchir à des solutions aux problèmes mondiaux » et paradoxalement, être à l’origine des plus grands problèmes du monde ?
J’illustre mon propos au moyen de l’exemple qui suit : N’est-il pas cynique, d’inscrire à [l’ordre du jour] du -Forum économique mondial- de Davos, le thème suivant : [les fortes émissions de gaz à effet de serre et le dérèglement climatique] ; puis, dans le même temps et dans le même espace, faire le déplacement vers la Suisse en jet privé ?
À la faveur d’informations tirées de la presse sérieuse, je lis que plus de « … mille (1.000) jets privés transitent et/ou atterrissent en Suisse pendant la durée du -Forum économique mondial- de Davos »
Quid de [l’empreinte carbone sur l’environnement] abondamment émis en une seule semaine, par ceux-là-même qui ont l’inouïe prétention d’être « Committed to improving the state of the world » (Engagé(s) à améliorer l’état du monde) ?
N’y a-t-il pas en l’espèce, matière à soulever les incohérences de fond, d’un Forum qui depuis plusieurs décennies prétend s’atteler à « réfléchir à des solutions aux problèmes mondiaux » ?
Je concède que le -Forum économique mondial- de Davos est à nul doute un haut lieu de réseautage mondial, réservés aux super-riches, aux dirigeants des grandes entreprises multinationales, aux dirigeants politiques de premier plan, ainsi qu’à d’aucuns. Je concède également que le -Forum économique mondial- de Davos est incontestablement un plateau mondial d’échanges informels sans égal. Pour autant, son poids en matière d’influence politique est égal à zéro.
En vérité, les dirigeants politiques de premier plan dont la présence effective à une session du -Forum économique mondial- de Davos est annoncée à grand renfort de communication médiatique, servent habilement, à attraire [les participants payants très fortunés]
Subséquemment, le -Forum économique mondial- de Davos n’est-il pas plutôt un rentable business pour une -Fondation à but … »non lucratif- » ?
Sous toutes réserves (…), à la marge, et a minima, quelque « gloire » dont le -Forum économique mondial- de Davos pourrait … à bas mots … s’honorer :
1988, -Protocole d’Entente & d’Accord- ayant pour titre [Déclaration de Davos], signé lors du Forum économique mondial qui se tint cette année-là. Il a permis à la Turquie et à la Grèce de renoncer à mettre en mouvement un conflit armé entre ces deux États. (Sachant qu’il n’aura sans doute pas échappé aux dirigeants des grandes multinationales, participants au -Forum économique mondial- de Davos, que la Turquie est devenue une Puissance géopolitique régionale et un acteur majeur dans les transactions commerciales internationales avec une significative présence en de très nombreux pays en développement …)
1992, feu Nelson Mandela et feu Frederik de Klerk, firent leur première apparition physique commune au -Forum économique mondial- de Davos, ce qui en toute vraisemblance, ouvrit une voie démonstrative vers la fin de l’apartheid en République d’Afrique-du-Sud. (Sachant qu’il n’aura sans doute pas échappé aux dirigeants des grandes multinationales, participants au -Forum économique mondial- de Davos, que le sous-sol de la République d’Afrique-du-Sud dispose d’importantes réserves en minéraux et en métaux rares, et que l’Afrique du Sud est une cible potentielle pour de futurs gros contrats commerciaux)
2000, -l’Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation- fut lancée sur les fonts baptismaux à Davos et améliora l’accès aux vaccins pour quelques millions de personnes à travers le monde. (Sachant qu’il n’aura sans doute pas échappé aux dirigeants des mastodontes de l’industrie pharmaceutique et des laboratoires pharmaceutiques, participants au -Forum économique mondial- de Davos, que la mise sur le marché mondial d’un tel vaccin s’avèrera extrêmement profitable en milliards de dollars $US)
« Réfléchir à des solutions aux problèmes mondiaux » ? Eh bien ! Il se trouve que depuis trois (3) ou quatre (4) ans, de nombreux milliardaires américains, australiens et français ont publiquement, médiatiquement, et de leur propre chef, exprimé le souhait d’être (sic) « surtaxés » en matière [d’impôt sur les très grandes fortunes] À cet égard, ils lancèrent un -Appel public- en ce sens, qui fut relayé par la presse internationale ; y adossant une -Lettre ouverte- adressée aux organisateurs du -Forum économique mondial- de Davos.
Quelle attention fut accordée par les organisateurs du -Forum économique mondial- de Davos, relativement au contenu de ladite -Lettre ouverte- nominativement signée par plus de deux-cents (200) milliardaires ? Aucune !
Sachant qu’aux termes de leur -Lettre ouverte- ils déclarèrent (sic) je cite « Taxez-nous, davantage, nous les plus grosses fortunes, pour le bien commun. En tant que milliardaires, nous savons que le système fiscal actuel n’est pas équitable … » ; poursuivant leur -Lettre ouverte- comme suit (sic) « Alors que le monde a traversé d’immenses souffrances ces deux dernières années, la plupart d’entre nous peuvent dire que leur richesse a augmenté pendant la pandémie de la Covid-19, mais honnêtement, peu d’entre nous, voire aucun, peuvent affirmer qu’ils payent leur juste part d’impôts…»
Le contenu de ladite -Lettre ouverte- nominativement signée et émanant de plus de deux-cents (200) milliardaires, eut-il quelque écho, quel qu’il fût, au -Forum économique mondial- de Davos, lors de sa session de janvier 2024 ? Non. Aucun.
N’y-a-t-il pas matière à s’émouvoir de ce que s’agissant d’un sujet pourvu de sens, il ne fut même pas inscrit à [l’ordre du jour] des travaux (janvier 2024) du -Forum économique mondial- de Davos, et ne fut d’aucun débat dans l’exercice de mise en balance, du critère de l’existence sur ce sujet, d’un débat d’intérêt général ou d’un intérêt public ?
Devrais-je à nouveau me répéter ? Depuis plus de cinquante (50) ans, les concepteurs du -Forum économique mondial- de Davos soutiennent avec constance, d’une part, s’être assignés pour mission de (sic) « réfléchir à des solutions aux problèmes mondiaux » ; et d’autre part, être« Committed to improving the state of the world » (Engagé(s) à améliorer l’état du monde)
Enfin, comme le dit le proverbe : « Il n’y a pas de fruit qui n’ait été âpre avant d’être mûr » ; dès lors, l’estimable ambition que s’est assignée le -Forum économique mondial- de Davos, tendant à « réfléchir à des solutions aux problèmes mondiaux », viendra possiblement à maturation, au terme des cinquante (50) prochaines années, c’est-à-dire en l’an 2074.
Armand ADOTEVI
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