Publié par : librepropos | mars 5, 2023

International

La soif d’enrichissement illicite (enrichissement injustifié) à l’épreuve de l’indécence

Par Armand ADOTEVI

En ces temps de flambée significative du prix de tous les produits de consommation courante, en ces temps de pénurie qui affecte les marchés des commodités, en ces temps d’inflation qui impacte tous les coûts de la vie ; d’aucuns, à l’instar du candidat déclaré il y a quelques jours « élu » à l’issue du scrutin présidentiel qui s’est tenu dans un pays en développement, en dépit du fait que le parcours professionnel du déclaré « élu Président de la République », n’est caractérisé, ni ne se distingue par aucune activité professionnelle stable, longue et fortement rémunératrice, le sieur dont il est question, n’ayant en réalité exercé que de très longs mandats politiques ; nonobstant cette inadéquation ne permettant pas de se constituer une accumulation de profits financiers licites, il lui est pourtant attribuée une fortune colossale. A ce titre, il est qualifié de « multi-millionnaire » et est officiellement reconnu comme tel ! 

Ce genre de profil issu du [personnel politique] de nombreux pays en développement, mène grand train, sans n’être en capacité de justifier comment leur fortune fut bâtie, ni de justifier l’origine de la très grande richesse dont il est fait un usage ostentatoire. 

La captation frauduleuse et massive d’argent public ; puis la conviction profonde que ces gens se font de leur propre importance sont d’autant plus indécentes qu’ils font valoir : soit, « leur supériorité de lignage politique » ; soit un enrichissement prétendument licite!

Dans un déni total de [l’intérêt général], l’habitude de détourner des montants considérables d’argent public procède d’agissements très prisés en de nombreux pays en développement.

Or, il se trouve que dans le même temps et dans le même espace, le pouvoir d’achat d’un nombre considérable de consommateurs desdits pays est réduit à portion congrue. De ce fait, quantité de biens et de services marchands ne sont pas à la portée du portefeuille du plus grand nombre d’entre eux.

Le coût de la vie n’est-il pas un des enjeux de société potentiellement porteur de risque de révolte sociale ? L’énorme chaos quotidien (insécurité, grande criminalité, enlèvements contre paiement de rançon, règne de gangs armés en surnombre, anarchie criminogène totale et mortifère, etc.) qui gangrène actuellement la République de Haïti n’en fait-il pas foi ?

Comment se peut-il que puisse encore être endurées en de nombreux pays en développement, la récurrence des détournements de deniers publics et une corruption endémique ? 

Une grande asepsie n’est-elle pas envisageable ? Une vaste purge anti-corruption ne doit-elle pas être mise en oeuvre dans les rangs du personnel politique au sens le plus large du terme [personnel politique] et ce, en tous leurs grades et qualités ?

Tous les corrompus, aigrefins, pique-assiettes, magouilleurs, combinards, tripatouilleurs du foncier; toutes celles et tous ceux qui se sont considérablement enrichis en faisant du détournement des deniers publics et de l’extorsion de pots-de-vin, leur activité économique principale, ne devraient-ils pas en répondre ? 

Plus choquant, le minimum de soutien qui est dû aux populations vulnérables, exposées à des risques sanitaires, fut méprisé par les détournements des flux financiers destinés précisément à la solidarité, et à la riposte contre la propagation de la pandémie du Covid-19. À cet égard, une partie substantielle des fonds censés venir alléger les épreuves desdites populations ; s’en est allée garnir les comptes bancaires de gens peu scrupuleux.

La campagne de lutte contre la corruption que j’appelle de mes vœux dans les pays en développement, ne doit pas s’inscrire dans un format classique de campagne anti-corruption. Elle devra être atypique et rigide. Ce devra être une campagne de lutte éducative contre la corruption.

Dans les pays en développement, une poignée d’intrigants, de cyniques et d’imposteurs formés à l’école du vice et du mensonge s’en mettent plein les poches au détriment du bien-être des populations. 

En d’autres occasions, cette même poignée d’intrigants, de cyniques et d’imposteurs, pollue le débat public au moyen « d’utopies messianiques » au point que j’en suis venu à regretter qu’aux [objets trouvés] il n’y ait pas une pièce dédiée au dépôt des vertus oubliées, des rêves égarés, des indignités œuvrées et éventuellement du [serment initiatique] outragé.

Dans les pays en développement, et en tous pays d’autres régions du monde, l’opinion publique nationale est tout ce qui compte. Certainement pas une prétendue « révélation du Saint-Esprit. »

C’est l’adhésion de l’opinion publique nationale à une offre politique, qu’un homme politique sérieux et éclairé doit s’employer à emporter car avec le soutien d’une large frange de l’opinion publique, un homme politique peut atteindre le but visé. Sans l’adhésion de l’opinion publique nationale, à [son offre politique], aucun homme politique ne peut rien atteindre, quand bien même serait invoqué abusivement le nom d’un ancien Secrétaire d’État adjoint aux affaires africaines des États-Unis (…) !

Qu’ainsi, les messages subliminaux relatifs à un soi-disant « messie révélé » ne constituent ni une offre politique, ni un programme de développement sérieux et crédible.

Dans les pays en développement, ceux qui campent une « posture messianique » ne sont même pas dignes du cabaret Don Camilo ! 

Dans les pays en développement, le sens politique aigu, le discernement, le pragmatisme, des éclairs de lucidité, un engagement ambitieux pour le progrès social, la volonté bien ancrée et bien axée pour le respect des droits humains, sont constitutifs d’une lumineuse boussole de gouvernance politique.

En matière politique, la soif d’enrichissement illicite et la mégalomanie seules, ne sauraient suffire à l’inventaire de l’histoire universelle des turpitudes humaines … tant les turpitudes humaines sont …. pavées de « bonnes intentions »… 

Enfin, ainsi qu’il est dit en Chine, s’agissant du [personnel politique] corrompu et voleur de deniers publics, il y a matière « à éduquer, à expliquer, à rectifier ; … à gratter le poison jusqu’à l’os »

Voeux pieux ? Eh bien ! Comme le dit le proverbe, « il y a autant de témérité à former facilement des voeux qu’il y a d’impiété à ne les point exécuter. »

Armand ADOTEVI


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